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بن قانة، بن قنة، أسرة أندلسية عربية دخلت الجزائر -Ben Gana, Ben Guenna, Nom Andalous en Algérie

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مُساهمة من طرف أ. د. جمال بن عمار الأحمر الخميس 06 سبتمبر 2012, 00:44

بن قانة، بن قنة، أسرة أندلسية عربية دخلت الجزائر
Ben Gana, Ben Guenna, Nom Andalous en Algérie


إليكم هذا النص الفرنسي الذي وجدته في كتاب لمؤرخ عسكري فرنسي كان في الجزائر، وقد وثقته. يذكر فيه المؤلف أن هذه العائلة (بن قانة) [تنطق على طريقة الجيم المصرية] جاء جدها الأول، وهو عالم دين مسلم، من الأندلس بعد سقوطها عام 1492م إلى بجاية بالجزائر، ومنها انتشرت ذريته. وأتوقع أن (بن قنة) تحريف بسيط في هذا اللقب.


Histoire des Sultans de Touggourt et du Sud Algérien
L. C. FERAUD
Notes historiques sur la province de Constantine, Les Ben-Djellab, Sultans de Touggourt.
Revue Africaine 1878 - 1886
(bulletin de la société historique algérienne)
Impression: A. Jourdan, Alger, 1878–1886
pp.283-313
Présentation : CHEHRIT Kamal
Éditions Grand-Alger Livres (G.A.L.), Alger, 2006
Dépôt Légal : 3430 - 2005
ISBN :9961-819-64-0
Tél: 073606267 - 061612718 Fax: 021958268
E-mail: éditions_gal@yahoo.fr



LES BEN-DJELLAB ET CONSORTS
néanmoins avec quel réserve, à défaut de moyens de contrôle, l'écrivain signalait les on-dit ayant cours autour de 1ui. Placé dans des conditions plus favorables pour me livrer à une sérieuse enquête historique, j'ai demandé d'abord aux Ben-Ganâ eux-mêmes leur biographie. Or voici la traduction du document écrit sous leur dictée:
Les anciens rapportent qu'à l'époque où les Espagnols chassèrent les Maures d'Espagne (1452), Mahmoud ben Ganâ qui était un grand savant s'enfuit d'Espagne où il possédait d'immenses richesses et prit la résolution de se rendre à la Mecque. Il disait à ceux qui le questionnaient sur sou origine : je suis chérif de la postérité du prophète, mais l'invasion des Espagnols en Andalousie m'a fait perdre l'arbre généalogique de mes ancêtres et tous les documents que nous détenions.
Sa première station eut lieu à Bougie et chaque fois qu'on lui demandait qui il était, il répondait : je suis l'hôte de Dieu, - Dif Allah. - Comme à cette époque il y avait beaucoup de gens protégeant ceux qui se livraient à 1'étude des sciences, chaque soir il était hébergé dans une nouvelle maison et on l'y accueillit par ces mots : sois le bienvenu ô, hôte de Dieu.
Continuant ensuite sa marche vers l'orient, il arriva dans la vallée de l'Oued¬ El-Kebir (bas Rhoumel) au milieu, de la tribu des Zouagha, où chacun lui accorda encore l'hospitalité, à cause de ses nobles qua¬lités. Enfin il atteignit une localité du nom de Redjas où il se fixa. Par la culture des terres et l'élevage des bestiaux, il ne tarda pas à acquérir une grosse opulence qui lui permit de venir en aide à son tour aux malheureux qui se groupèrent autour de lui et le reconnurent pour chef. Mahmoud ben Ganâ eut un fils qu'il nomma Seliman. Celui-ci marchant sur les traces de son père ral¬lia autour de lui par ses bienfaits une foule de gens, de sorte que son autorité ne tarda pas à s'étendre depuis Constantine jusqu'à Sétif par la vallée de l'Oued-El-Kebir. Il avait l'habitude d'aller avec ses gens passer l'hiver dans le Sahara, puis en été il revenait résider sur ses propriétés du Tell. Une année, pendant qu'il était campé dans le Sahara, Seliman vit arriver de l'Ouest une popula¬tion du nom de Ahl ben Ali et leur chef, qui s'appelait Sakheri, fit la paix avec lui en bon musulman et adopta son genre d'existen¬ce, c'est-à-dire alternant ses séjours, selon les saisons, dans le Tell et le Sahara. Seliman avait un fils du nom de Ganâ qui, épousa la fille de Sakheri. Mais la discorde éclata entre les Ahl ben Ali et les gens de Seliman ben Ganâ et çeux-ci accablés par le nombre furent forcés d'émigrer en Tunisie. Mais au bout de quelques années étant redevenus forts, ils revinrent dans leur pays et après un combat meurtrier s'en rendirent maîtres de nouveau. Seliman reprit sa domination sur la contrée et mourut laissant son fils Ganâ qui lui succéda; c'était celui-ci qui avait épousé la fille de Sakheri, le chef des Ahl ben Ali. Il en eut un fils qu'il nomma Mohammed ben Ganâ et qui hérita de son autorité. Ce dernier vécut en bonne intelligence avec les enfants de Sakheri qu'il considérait comme ses cousins.
Une certaine année, Mohammed ben Ganâ résolut daccomplir le pélerinage de la Mecque et il annonça qu'il donnerait à boire et à manger durant le voyage à quiconque l'accompagnerait. De tous côtés lui arrivèrent des compagnons de route; la visite aux lieux saints s'accomplit et tous ceux qui l'avaient suivi procla¬mèrent qu'ils ne reconnaîtrait plus d'autre chef que lui. En ren¬trant dans leurs pays, les pèlerins chassèrent la famille Sakheri et n'obéirent plus qu'à El-Hadj Mohammed ben Ganâ, dont le nom fut donné au pèlerinage de cette année en commémoration de ses bienfaits.
Toutes les tribus continuèrent à obéir à Ben Ganâ jusqu'au moment où les Turcs arrivèrent pour la première fois à Constantine (1535), El-Hadj ben Ganâ rassembla toutes ses tri¬bus et empêcha les Turcs d'entrer dans cette ville, les forçant même de rebrousser chemin vers Alger.
El-Hadj ben Ganâ, craignant que les Turcs n'arrivassent devant Constantine une seconde fois, se tint campé sur les bords, de l'Oued Rhoumel, même pendant la saison d'hiver, se bornant à envoyer les troupeaux dans les pâturages du Sahara, selon l'ha¬bitude. Mais les pluies d'hiver étaient abondantes, et ses tribus se plaignaient de camper dans la boue, alors Ben Ganâ fit apporter du sable du Sahara pour couvrir cette boue, et c'est depuis lors que l'on a donné le nom de Oued Rhoumel la rivière du sable, à l'endroit où il campait.
Enfin les Turcs se présentèrent pour la deuxième fois devant Constantine, porteurs, cette fois, d'une lettre du Sultan ottoman dans laquelle il était dit: « nous sommes musulmans comme vous ». El-Hadj ben Ganâ s'entendit avec ses tribus, et laissa alors les Turcs pénétrer librement à Constantine. Ben Ganâ continua à gouverner néanmoins tout le pays jusqu'à Touggourt. Enfin, les Turcs lui demandèrent de pénétrer avec lui dans le Sahara. Ben Ganâ leur répondit: toute la contrée m'obéit; « je vous conduirai à Touggourt, au Souf et à Ouargla ». Mais, après réflexion, les Turcs n'osèrent pas entreprendre cette campagne et prétextèrent que c'était trop loin. Ben Ganâ comprit qu'ils avaient peur et leur offrit de laisser ses enfants en otages à Constantine. C'est alors qu'il fit, dans cette ville, l'acquisition de la maison qui est bien connue de tous les habitants, jusqu'à ce jour. Ben Ganâ conduisit alors les Turcs à Touggourt, au Souf et à Ouargla, où il soumit à son autorité la population nomade des Chaamba.
L’armée expéditionnaire retourna à Constantine contente, satisfaite, et les Turcs comblèrent Ben Ganâ de fortune et d'hon¬neurs. Il siégeait auprès du Bey, avec le rang de ministre, et il était toujours consulté sur les affaires du pays. A cette époque, les Turcs résolurent de faire une expédition contre les Flissa, du côté des montagnes du Jurjura. El-Hadj ben Ganâ prit ses dispositions et se mit en marche avec le Bey de Constantine, qui se nommait Ahmed-Bey El-Colli. La bataille fut sanglante; El-Hadj ben Ganâ parvint néanmoins à refouler l'ennemi, mais il fut tué dans l'ac¬tion (vers 1764).
Arrêtons là, pour le moment, notre traduction ; nous y reviendrons à la suite des événements. On a remarqué le fouillis d'anachronismes qui précède ;j'ai souligné les plus choquants en mettant les dates en regard pour démontrer combien l'auteur de cette généalogie imaginaire s'est fourvoyé en plaçant un même personnage en scène à des siècles d'intervalle. Qui veut trop prouver ne prouve rien, et oublie surtout les faits historiques, indiscutables et authentiques.
Cependant, une vérité se dégage, d'après les Ben Ganâ eux¬mêmes: c'est qu'ils ne sont pas de la vieille race féodale arabe des Douaouda, et que le berceau de leur famille est à Redjas, c'est-à¬dire à côté de la petite ville kabyle de Mila, au Nord-Ouest de Constantine. Ils ne se disent pas non plus issus du marabout Sidi Seliman El-Medjedoub.
Que le lecteur veuille bien suivre la piste que je vais lui indi¬quer. Ceux qui, sur place, désireront constater les faits, trouve¬ront chaudes encore et même habitées par des collatéraux, cha¬cune des étapes de cette famille.
Au commencement du XVIII' siècle, vivait dans les mon¬tagnes du Djurjura, au village, de Koukou, une femme du nom de Ganâ, jouissant d'une réputation de beauté merveilleuse. Elle était veuve, et les nombreux prétendants à sa main finirent par se disputer et tellement ensanglanter le pays de leurs querelles, que la Djemâa, ou Conseil des anciens de Koukou, prononça l'ex¬pulsion de Ganâ et des siens. La chronique des Aït-Ganâ s'est conservée dans la tradition locale des montagnards kabyles .
Ganâ avait un fils du nom de Yahia. Elle émigra donc avec sa famille et alla chercher un refuge chez les Flissat-Oum-el-Lil. Un Homme des Flissa, nommé Abd-El-Azziz, de la fraction des Beni¬Amran, possesseur de vastes étendues de terrains, aurait épousé, dit-on, la belle Ganâ, et cédé une partie de ses terres à Yahia, son fils, pour son établissement, et celui-ci se fixa définitivement dans la tribu. On montre encore, au-dessus du village de Tiguenatin, la tombe de ce Yahia ben Ganâ, qui fut l'ancêtre de la famille des Ouled-ben-Zamoum laquelle vit encore dans cette par¬tie de la Kabylie .
Les autres frères ou fils de Ganâ se dispersèrent; l'un d'eux alla faire souche dans les plaines où nous avons créé depuis notre centre d'Orléansville. Mais la branche qui nous intéresse le plus et que nous allons suivre pas à pas est celle qui, de la vallée du Sebaou, passa dans la vallée de Bougie. Elle s'établit dans la tribu des Fenaïa et finit par y créer une petite bourgade qui s'appelle toujours Aït-Ganâ. Le Kabyle, à moins qu'il soit riche, ne reste pas en place. Il émigre et va travailler au loin, jusqu'à ce qu'il ait ramassé un petit pécule qu'il apporte chez lui. L~ Aït-Ganâ étaient et sont encore aujourd'hui forgerons à leur village des Fenaïa. Or, l'un d'eux, de nom de Mahmoud, - celui que la notice ci-dessus fait arriver avec les Maures d'Espagne chassés par Ferdinand et Isabelle, - partit du pays de Bougie, exerçait sa pro¬fession sur son chemin. Il traversa ainsi, en effet, la vallée de l'Oued El-Kebir, le Zouara, et établit enfin sa forge à Redjas, non loin de Mila. Il s'y maria et s'y fixa, cela est très exact, et il eut une nombreuse famille. Voilà l'ancêtre El-Haddad, - le forgeron, - dont parle le colonel Séroka. Le fils de Mahmoud est, en effet, Seliman , qui continua la profession de son père, et il eut à son tour un fils, Ganâ, celui qui eut le bonheur, avant de mourir, de voir ses enfants bien casés.
Un Turc du nom de Ahmed, janissaire de la petite garnison de Colla, remplissait alors ce que nous appellerions l'emploi de vaguemestre et faisait fréquemment le voyage de Colla à Constantine pour les besoins de son service. Soit qu'il eût à faire ferrer son cheval ou qu'attardé en route, il s'arrêta par hasard à Redjas, il demanda l'hospitalité à Ganâ et y revint. Ses relations devenues intimes dans la maison de l'artisan, il épousa une de ses filles. Nous verrons que Ahmed, le janissaire, avançant en grade, fut d'abord agha de Colla, d'où lui fut donné le surnom de Colli, car il était originaire de Roume1ie ; il arriva à la dignité de Bey de Constantine, et de la date la fortune des Ben Ganâ. Il n'y a pas d'autres antécédents à chercher.
Telle serait, d'après les mieux informés et l'opinion généra¬le, l'origine des Ben Ganâ ; personne ne l'ignore à Constantine, et encore moins chez les Kabyles des environs de Mila. Il y a trente ans, pendant que j'expéditionnais en Kabylie, et sous la tente, durant nos soirées, que de fois le vieux Bou Akkaz ben Achour, Cheikh du Ferdjioua, ou bien encore Bou Renan ben Azeddin, Cheikh des Zouagha, m'ont-ils fait raconter, par des vieillards de leur pays, les événements passés. Ils rappelaient que leurs pères allaient ferrer leurs chevaux ou réparer leurs ferrailles à Redjas, chez Ben Ganâ, l'ancêtre du Cheikh El-Arab de l'époque où nous étions alors en l'occurence Si Bou Aziz .
C'est vers la fin de l'année 1756 que Ahmed-Bey El-Colli arrivait au pouvoir. De sa femme, fille de Ganâ, il n'avait pas d'enfants. Il se décida alors à en épouser une seconde, et en même temps s'allier à l'une des familles les plus puissantes de l'époque. Il se maria donc à la fille de Mokrani, seigneur de la Medjana.
Le caractère affable d'Ahmed-Bey lui gagna la sympathie des populations, et plusieurs tribus jusque-là récalcitrantes lui firent acte de soumission. Le Cheikh El-Arab Ali Bou Okkaz fut du nombre des réconciliés, et nous avons vu déjà que Mbarka bent Ben Ganâ, belle-sœur du Bey, se maria au neveu du chef doua¬dien. Bien qu'uni à une seconde femme, Ahmed-Bey conserva une vive affection à la première, qu'il ne divorça point, et combla sa famille de marques de sollicitude. Les uns devinrent propriétaires de terres aux environs de Redjas, d'autres allèrent fonder une colonie prospère qui porte encore le nom de Ganadla, dans la val¬lée du Zéramna. Enfin, une troisième fille Ben Ganâ était mariée à un autre Turc qui, quelque temps après, devenait Khaznadji ou trésorier à Alger .
Mbarka ben Ben Ganâ suivit son mari dans le Sud. Elle avait un jeune frère, du nom de Ganâ, qui l'accompagna et alla sou¬vent la visiter ensuite, passant même des saisons entières auprès d'elle. Nous avons déjà dit que l'existence des Arabes nomades, qui, comparables à la marée, ont tout les ans un flux et reflux du Sud au Nord, avait plu au jeune Ganâ et l'attachait à ces régions. Voici maintenant les circonstances qui firent éclore ses visées ambitieuses et lui attirèrent des partisans; ce ne sont point des histoires comme en racontent à leur aise les Ben Ganâ, mais l'histoire exacte de leur arrivée dans le Sahara. Les tribus nomades étaient divisées en deux partis distincts, depuis les évé¬nements auxquels Oum Hani avait donné naissance. Les anciens partisans de l'héroïne, tels que les Ahl-oen-Ali, Chorfa, Ghamra, obligés de plier devant la force, reconnaissaient l'autorité suprê¬me du Cheikh Ei-Areb Ali Bou Okkaz, mais ne l'aimaient pas et n'attendaient qu'une occasion, un homme énergique qui se mit à leur tête pour se déclarer ouvertement hostile. Ali Bou Okkaz, de son côté, nourrissait une haine profonde contre les Ahl-ben¬Ali et consorts, qui, subissant jadis l'influence de Oum Hani, avaient assassiné son grand-père, son grand-oncle et plusieurs autres membres de sa famille ; lui aussi n'attendait que le moment de se venger avec éclat. Loccasion se présenta: ceux qu'il détestait lui désobéirent. Sous un prétexte quelconque, il réunit leurs principaux cavaliers à une assemblée, et là, les fit massacrer jusqu'au dernier. Cette terrible vengeance exaspéra beaucoup de gens. On porta des plaintes au Bey, qui adressa des remontrances sévères et même des menaces de châtiment. Ali Bou Okkaz répondit audacieusement qu'il était maître chez lui et rompit même toute relation avec le Bey Ahmed EI-Colli. Les Ahl¬ben-Ali avaient dû rentrer dans le Tell et se placer sous la pro¬tection de l'autorité. Leurs querelles, fut-elle inspirée par la poli¬tique turque, qui avait tout à gagner en entretenant les divisions et les haines ?
Toujours est-il que les mécontents obtinrent des faveurs et des secours des Turcs, par l'entremise de ce même Ganâ. Mais ce qui compléta encore la scission entre les Arabes et créa, en un mot, le Sauf, - nom qui reviendra souvent dans le cours de cette étude, le sauf, en faveur de tel ou tel autre parti - fut le fameux pèlerinage de cette époque. En effet, c'est Ganâ qui en prit la direction. Ce n'était point alors comme aujourd'hui que les choses se passaient en pareil cas. Les Musulmans des provinces occidentales de l'Afrique ne partaient pas pour l'Orient sur des paquebots qui en quelques jours les déposaient sur la plage de Djedda et les rapatriaient ensuite avec la même facilité - système actuel aussi nuisible sous le rapport politique que sanitaire - ils s'organisaient en grandes caravanes et voyageaient par terre durant de longs mois, ce qui contribuait à calmer leurs ardeurs fanatiques et à purifier leur corps infecté.
Ganâ partit ainsi avec les pèlerins des Ahl ben Ali et autres gens du Sahara, se joignant à la grande caravane ou Rekeb venant du Maroc et qui semblable à un fleuve, recueillait dans son sein , le long du parcours, le contingent des nombreux affluents arri¬vant par les deux rives. C'était d'habitude un prince de la famil¬le Chérifienne du Maroc qui avait le commandement du Rekeb ou caravane des pèlerins. Il est fort prétentieux d'assurer que les Ben-Ganâ, qui étaient des inconnus à cette époque, donnèrent leur nom au pèlerinage; mais, quoi qu'il en soit, un des leurs marchait en effet avec le groupe parti du Sahara de Constantine. Soit que Ganâ eût déjà quelque fortune personnelle ou que le Bey son parent eût mis de larges subsides à sa disposition, ce qui est plus probable, il fut très généreux envers ses compagnons de route auxquels il prodigua aussi des caresses pour gagner leur confiance. Au retour des lieux saints, les Ahl ben Ali se présentaient en masse devant le Bey et lui demandaient El-Hadj ben Ganâ pour chef. La combinaison avait pleinement réussi, mais fallait-il encore la mettre en pratique. El-Hadj ben Ganâ n'aurait pu se présenter dans le Saharr malgré le dévouement de ses quelques partisans. Il fallut renforcer la petite garnison turque de Biskra pour le protéger, et c'est sous le canon de cette citadelle qu'il devait se tenir, ne dépassant guère l'oasis de Sidi-Okba. Le véritable Cheikh El-Arab Ali bou Okkaz restait maître de tout le plat pays du Sud,
Le chérif Sid-El-Haoussin El-Ourtilani, qui a laissé un livre d'impressions de voyage en allant à la Mecque, nous indique la zone où se tenait El-Hadj ben Ganâ lorsqu'il passa par Biskra en 1762, en même temps que sa situation politique: « Nous partîmes de Sidi-Okba, dit-il, nous dirigeant vers Zeribet. Pendant cette journée nous fîmes la rencontre du fils du Cheikh El-Hadj ben Ganâ. Ce Cheikh est un homme généreux qui par ses libéralités s'est attaché les Arabes. Il est très écouté des Turcs qui lui accordent ce qu'il demande. Il vient au secours des pauvres et ne les abandonne pas; la paix règne grâce à lui, car dans la province de Constantine il advient des troubles à chaque changement de gouverneur, mais grâce à Dieu ce Cheikh est en bonnes relations avec chaque nouveau gouverneur, en raison de sa manière d'agir. »
Il est certain que El-Hadj ben Ganâ, créature des Turcs, ne pouvait avoir avec ses protecteurs que de bonnes relations. Mais Ali bou Okkaz de son côté supportait difficilement la présence d'un rival ayant comme lui le titre de Cheikh El-Arab. Il alla cam¬per à Sidi-Khaled afin de le surveiller et profitant d'une impru¬dence de sa part, il lui enleva à peu près toute sa zemala l'obli¬geant à chercher un refuge dans la montagne chez les Ouled¬ Zaïan. De là Ben Ganâ se sauva à Constantine où il resta avec le titre pompeux de Cheikh El-Arab, mais in partibus, car ses admi¬nistrés consistaient en quelques clients trop compromis pour continuer à habiter le Sahara qui s'étaient attachés à sa fortune. C'est dans ces conditions qu'il accompagna le Bey Ah med-El-Colli, son beau-frère, dans l'expédition qu'il entreprit contre les mon¬tagnards des Flissa de la Kabylie occidentale. Il dut s'y conduire bravement puisqu'il fut tué dans l'action, mais il importe de remarquer qu'il combattait en quelque sorte en volontaire isolé.
En lisant cet épisode dans la chronique des Beys de Constantine, où il est dit: « le Cheikh El-Arab El-Hadj ben Ganâ tomba aux côtés du Bey», on serait disposé à croire que les nomades du Sahara faisaient partie du corps d'armée, tandis qu'ils étaient alors eux-mêmes en insurrection contre les Turcs ayant à leur tête le vrai Cheikh El-Arab Si-Ali bou Okkaz.
Nous avons déjà dit que Mohammed succéda à son père El¬Hadj ben Ganâ ; comme lui, il n'était qu'un chef in partibus et continua à résider à Constantine. Dans cette ville et au Sahara, les événements allaient cependant se précipiter et changer la face des choses. Le cheikh Si Ali bou Okkaz venait de mourir, et son neveu Ferhat ben Ahmed l'avait remplacé. Intervenant chez les Ouled¬Djellal pour séparer deux groupés qui se battaient à propos de
• pâturages, celui-ci recevait un coup de feu qui le tuait raide. Son successeur était le Daoudi Debbah ben bou Okkaz qui, alternative¬ment soumis ou en révolte, fournira une longue et intéressante carrière. Enfin le Bey Ahmed El Colli, succombant aussi, est rem¬placé sur le trône de Constantine par Salah-Bay. Nous sommes en 1771.
Il suffit de parcourir la biographie des Beys pour apprécier le règne de Salah, qui, assurément, fut grandiose et surpassa, au point de vue administratif, organisateur, militaire même, tout ce qu'ont pu accomplir avant ou après lui les autres gouverneurs de la province. Un de ses premiers actes était de rassembler quelques forces pour permettre à Mohammed bel Hadj ben Ganâ de se montrer à Biskra. Mais cette tentative ne réussit guère .
Refoulé comme l'avait été son père, Ben Ganâ ne put tenir en plai¬ne. Obligé de grimper en toute hâte les contreforts de Eshmer¬Kheddou, cette chaîne de montagnes aux teintes rosées qui se déroule au nord-est de Biskra, il s'y réfugia, n'osant reparaître à Constantine, ou il aurait eu à rougir de son échec et certainement indisposé contre lui son protecteur Salah-Bay, qui, tout en lui portant de l'intérêt, exigeait de ses lieutenants la dose d'énergie qui l'animait lui-même. Les Ben Ganâ n'ont pas été embarrassés pour expliquer le séjour de leur ancêtre parmi les montagnards de l'Ahmar-kheddou i Mécontent de Salah-Bey, disent-ils, Mohammed ben El Hadj ben Ganâ se déclara en révolte dans cette montagne, et le Bey, pour le réduire, lança contre lui le cheikh El-Arab Douadi, qui fut repoussé avec des pertes sérieuses. Cette prétention d'avoir tenu tête à Salah-Bey, à qui il devait son emploi, est trop fantaisiste pour être discuté.
Nous nous bornerons à rappeler, qu'aussi étranger dans l'Oued Abdi qu'il l'était dans le Sahara, Ben Ganâ ne pouvait avoir encore assez de partisans pour se maintenir indépendant. De longues années s'écoulent, durant lesquelles Salah-Bey, très occupé par les événements du Nord, ne peut songer à étendre sa domination sur le Sud en révolte et ne reconnaissant d'autre autorité que celle du cheikh El-Arab Debbah.
Après la campagne d'Alger, où il fut le héros de 1[1 résisllll1- ce contre la flotte espagnole qui, sous les ordres d'D'Reilly, 111111- qua la capitale de la régence, Salah-Bey eut encore , 011 le snit, dl' nombreux démêlés avec les Tunisiens ses voisins. Comme guer¬rier, il déploya d'abord des qualités supérieures; il ne fut pas moins remarquable dans son œuvre diplomatique en réglant ensuite les questions de frontières. Le moment de tourner toute son attention et son habileté vers le Sahara était enfin arrivé. Nous avons déjà raconté plus haut comment il pénétra dans cette région lointaine, les difficultés qu'il surmonta en allant assiéger Touggourt, et enfin par quelles combinaisons adroites il obtint la soumission du chef des Douaouda Debbah, maintenu cheikh El-Arab, tout en donnant à Ben Ganâ une part d'autorité dans Biskra, afin de ne pas interrompre la politique de division inaugurée par son prédécesseur. Cela se passait vers 1788. Durant cette période de calme dont jouit enfin le Sahara, se pro¬duisit un événement de famille dont les Douaouda conservent le précieux souvenir. La grande caravane du Maroc allant à la Mecque passait près de Sidi-Khaled, où campait Debbah avec ses nomades. Le prince marocain Moulay Yazid était parmi les pèle¬rins ; accueilli avec tous les honneurs dus à son rang par les Douaouda, il demanda et obtint du cheikh Debbah la main de sa sœur Aïchouch. Les fiançailles étaient célébrées en grande pompe; mais, en raison de son jeune âge, la nouvelle mariée ne suivit pas le prince pèlerin, et ce n'est qu'à son retour, un an après, qu'il l'emmena à Fez. El-Guidoum, le plus jeune frère d'Aïchouch, l'ac¬compagna. Comblé de cadeaux pendant son séjour à la cour ché¬rifienne, il en ramena en outre, pour le cheikh Debbah, une jument de race et de rare beauté, portant le nom de Bent-El-Abiod, la fille de l'étalon blanc. Sa selle, garnie de pierreries, était d'une valeur inestimable. Salah-Bey se trouvait dans l'oasis de Biskra, consacrant ses loisirs à cette organisation du régime des eaux dont les traces subsistent encore, quand il reçut la visite du cheikh Vebbah, monté sur la jument que venait de lui envoyer le souverain du Maroc. Emerveillé à la vue de cette bête magni¬fique, le Bey s'y prit de telle sorte que le chef Douadi ne put faire autrement que de l'offrir toute harnachée, en hommage de sou¬mission, au Gouvernement turc. Bent-El-Abiod, suivie de trente superbes chevaux du pays, chacun conduit par un esclave nègre, prit la route d'Alger, où le Pacha expédia au Sultan de Constantinople ce cadeau princier du cheikh Douadi.
Les Ben Ganâ, évincés du Sahara par Salah-Bey, n'ont gardé naturellement aucun bon souvenir de ce Gouverneur. Aussi, ne le de tourner toute le ménagent-ils point dans leurs notes histo¬riques de famille, et ils se donnent même le mérite d'avoir contri¬bué à sa destitution par les plaintes qu'ils adressèrent à son sujet au Pacha d'Alger. Au début de son gouvernement, il avait accom¬pli de grandes choses d'intérêt public ; mais il finit par changer de système, mécontenter les populations et se faire beaucoup d'ennemis. On insinua au Pacha qu'il fortifiait Constantine dans l'intention de se rendre indépendant, et cette dénonciation calom¬nieuse trouvant écho à Alger ; ou il avait des jaloux et des rivaux, fit prononcer sa destitution. Les Ben Ganâ prétendent avoir été la cause déterminante de cette révolution gouverne¬mentale, et rapportent l'épisode de la manière suivante :
" Ü]1ittant les montagnes de l'Ahmar-Kheddou, Mohammed ben El-Hadj Ben Ganâ était allé camper à Ain-Metoussa, dans les plaines de la ville actuelle d'Ain Béida. Il avait déjà écrit à cette époque, au Pacha d'Alger, lui disant Débarrassez-moi donc de Salah-Bey et reti¬rez-lui le commandement de Constantine " D'autre part, aux avances du Bey, qui lui offrait de le remettre en place, Ben Ganâ répondait avec fierté: " Il n'y a plus rien entre vous et moi, que cha¬cun vive désormais de son côté; tant que vous serez au pouvoir, je ne veut plus servir le gouvernement 1/ Salah complotait cependant de se venger de ce dédain par une trahison. Il se mettait en route à la tête de son armée et annonçait à Ben Ganâ qu'allant faire cam¬pagne contre les Nemencha insurgés, il l'invitait à se joindre à lui. Cette démarche avait pour but d'endormir sa méfiance; en effet, c'est la Smala des Ben Ganâ qui fut razziée par la colonne du Bey. Ben Ganâ se retira alors de nouveau, dans la montagne, et de nouveau rendit compte au Pacha de la trahison dont il venait d'être victime à Metoussa. Ce souverain se bâta de lui répondre: 1/ Je t'envoie Ibrahim-Bey qui va remplacer Salah-Bey, révoqué ".
Ben Ganâ quitte aussitôt son refuge de la montagne, se diri¬geant vers Constantine pour y saluer le nouveau Bey; mais à mi¬chemin, il apprend que Salah-Bey a assassiné son successeur et s'est déclaré indépendant du trône d'Alger. De nouvelles lettres sont immédiatement échangées entre le Pacha et Ben Ganâ, et pendant que celui-ci rassemble ses partisans afin de tenir tête au Bey révolté, le Pacha d'Alger lui expédie une autre missive conte¬nant ces mots: « Je t'envoie Hosseïn-Bey avec quelques troupes .
Grande fut la joie de Ben Ganâ; car Hosseïn était son beau-frère. Le premier acte d'autorité d'Hosseïn, entrant à Constantine, était de tuer le rebelle Salah et d'investir son parent, Mohammed bel Hadj ben Ganâ, du commandement de tous les Arabes nomades et du Sahara .
La fin tragique de Salah-Bey, qui, pendant vingt-deux ans, exerça un pouvoir absolu, a donné lieu à bien des commentaires. Les croyants l'attribuent, non pas aux dénonciations des Ben Ganâ, mais à un anathème lancé contre lui par le saint marabout Si di Obeïd. Voici le fait. C'était au commencement du règne de Salah-Bey ; les Nememcha, tribu de la frontière tunisienne, ne tenant aucun compte de leurs promesses pacifiques, conti-nuaient à tracasser leurs voisins. Salah-Bey fit contre eux une expédition, mais ne put les atteindre dans leur fuite. On lui signala, à proximité de son camp, une caravane de marabouts de Sidi Obeïd venus dans le Tell chercher des approvisionnements de grains. Les Sidi Obeïd et les Nememcha vivent ensemble, lui dit¬on ; en frappant les uns vous atteindrez les autres; et le Bey, sui¬vant les conseils des principaux de son entourage, qui étaient alors ses favoris Ben Ganâ et son grand écuyer Ben Zekri, ordon¬na de saisir la caravane et d'appliquer aux chameaux la marque du beylik. Malgré les observations et lmes plaintes du marabout qui conduisait le convoi, la mesure prescrite était exécutée dans toute sa rigueur. Au moment où les chaouchs, le fer rouge à la main, marquaient les chameaux, le marabout, joignant sa voix aux beuglements de ses animaux, se mit à chanter:
Salah-Bey, informé de ce que le marabout venait de chanter, le manda devant lui et lui fit répéter ses paroles. Comprenant alors combien il avait été injuste, le Bey lui annonça qu'il lui ren¬dait son bien.
" Je n'accepterai la restitution de ce qui m'appartient, répondit¬il, ni de toi, ni de ton successeur immédiat; mais je le prendrai quand viendra le troisième Bey qui vous remplacera tous deux. "
On a vu ce qui advint de Salah-Bey-Ben Zekri, le caïd-el -Azel ou grand écuyer, contre lequel pesaient de graves accusations, eut, quelque temps après, les membres brisés en place publique. Quant à Ben Ganâ, dont la situation qui venait de lui être faite dans le Sahara était plus embarrassante qu'utile, Salah-Bey le révoqua des fonctions qu'il avait confiées. Blessés dans leur amour-propre, les Ben Ganâ ont bien été capables de travailler à satisfaire leur ressentiment contre Salah-Bey. Mais on sait aussi par expérience que les prophéties de marabouts, de même que le rôle déterminant des événements politiques, ne se révèlent qu'après coup. Chacun s'en attribue plus ou moins le mérite.
Quoi qu'il en soit, les Arabes nomades Sahariens conservant respectueusement le souvenir de Salah-Bey, et chantent encore une complainte qui témoigne de l'affection de ses partisans . Elle fut composée au moment où Salah-Bey, ayant fait périr Ibrahim, son successeur, proclama son indépendance et déclara hors la loi, par la proclamation du Pacha d'Alger, ses ennemis qui se dispo¬saient à le trahir et à le livrer. Voici le refrain bien connu de ce chant commémoratif:
Ils ont dit, les Arabes, ils ont dit:
Nous ne livrerons ni Salah ni sa fortune; Nous ne le combattrons pas non plus,
Dussent les têtes tomber (être coupées) sur les têtes. Lavènement d' Hosseïn-Bey plaçait les Ben Ganâ dans les conditions les plus favorables. Hosseïn, outre qu'il avait épousé lui-même la sœur de Mohammed bel Hadj ben Ganâ, amenait en qualité de khalifa, c'est-à-dire de lieutenant, Mohammed Chérif, le fils de l'ancien Bey Ahmed El-CoUi, lequel était marié aussi à une Ben Ganâ . On se mit immédiatement à l'œuvre pour consolider la position du nouveau cheikh El-Arab et lui attacher des parti¬sans dans la lutte d'influence qu'il allait avoir à soutenir contre le cheikh El-Arab traditionnel des Douaouda du Bit Bou Okkaz. En même temps qu'on lui constituait une sorte de maghzen à l'aide de la tribu des Sahari, afin de le soutenir par la force des armes, on lui faisait un allié dans la personne de Bou Ria! ben Chennouf, membre de la famille des Douaouda. Quelques explications sont ici nécessaires pour faire connaître les nouveaux acteurs entrant en scène.
Les Sahari, qui occupent aujourd'hui un assez vaste terri¬toire, entre Biskra et Batna, sont de race arabe. Ils étaient deve¬nus la terreur de leurs voisins, à cause de leurs habitudes de pillage et des coups de main incessants qu'ils entreprenaient. Salah-Bey, le premier, eut l'idée de les constituer en maghzen sur lequel il s'appuierait pour consolider son autorité dans les Ziban. Mais ces auxiliaires n'étaient pas toujours dociles, et il fallut sou¬vent acheter leur concours. Hosseïn-Bey parvint à les attacher à la cause des Ben Ganâ en leur accordant de grandes immunités.
Quant à Ben Chennouf, personnage important, il mérite d'être connu d'une manière plus complète, car ce nom reviendra souvent dans ce qui va suivre.
Dans ma notice sur la famille féodale des Harar, seigneurs des Hanencha , il a été question de leurs voisins les Ben Chennouf qui, au XV' siècle, commandant déjà à la grande tribu arabe des Ouled-Soula, répandue dans la province de Constantine jusqu'au Sahara. A cette époque, une branche des Chennouf possédait la ville du Kef et ses environs, luttant avec énergie contre les empié¬tements des Turcs de Tunis et contre leurs rivaux les Harar, afin de conserver entre leurs mains la contrée frontière qu'ils habi¬taient par droit de conquête depuis plus de deux siècles .
La politique turque, nous dit l'historien Kaïrouani, com¬mença par jeter la discorde parmi les Ben Chennouf, les arma les uns contre les autres. Ceux de Constantine se séparèrent de ceux du Kef, et lorsqu'on les sentit suffisamment affaiblis dans cette lutte intestine, on réussit sans peine à chasser définitivement ces derniers. Le Bey de Tunis parvint, en 1631, à effacer le nom des Ben Chennouf de la contrée du Kef, où ils commandaient. Mais dans l'adversité, les vieilles querelles de famille s'éteignent, et les expulsés du Kef eurent la ressource d'aller chercher un asile chez leurs frères de Constantine, qui commandaient toujours aux Ouled-Soula.
C'est de ceux-ci qu'il est question maintenant, et si j'ai commencé à parler des précédents, c'est afin de faire ressortir l'acharnement mis constamment en pratique par les Turcs pour disloquer l'union existant entre les divers membres d'une famil¬le féodale trop influente et se rendre ainsi maîtres absolus des destinées du pays.
Rappelons maintenant que les Oulad-Soula descendent cie Soula ben Ali et sont frères des Ahl-ben-Ali, auxquels comman¬dait famille féodale des Bou Okkaz. Quand les Deoueâ«, s'evan¬çant vers le Sud, à la recherche de pâturages pour leurs immenses troupeaux, se firent faire place par li) force des Orllll'S, ils établirent, comme nous l'avons vu, leur domination SUI' l(HI! le Zab, roued Righ, et jusqu'à Ouargla. De cc pays conquis, !rs Ben Chennouf et leurs Ouled-Soula curent en pfll'Ingc le ZllU- Chargui, dont ils dépossédèrent les Dreïd et les Guerfa, qui recon¬naissaient l'autorité religieuse du marabout Sid Nadji, lequel d'après la tradition, établi le gardien du tombeau de Sidi Okba.
Au moment où Hosseïn-Bey arrivait au pouvoir, les Ben Chennouf étaient représentés par deux frères : Bou Abd-Allah et Bou Diaf. C'était le premier, en qualité d'aîné, qui avait le com¬mandement. Afin d'implanter dans le Sud sa créature Ben Ganâ, Hosseïn-Bey mitla brouille entre les deux frères, donna l'autorité au cadet Bou Diaf, à condition qu'il épouserait la cause de Ben Ganâ. Bou Abd-Allah, restant fidèle à ses liens traditionnels de parenté, suivit la fortune des Bou Okkaz. Nous verrons le rôle que les uns et les autres jouèrent dans les rivalités habilement entre¬tenues qui désolèrent le pays.
Comptant donc sur l'appui des Sahari et des Ben Chennouf, El-Hadj ben Ganâ faisait nommer son Bou Lakheras au comman¬dement du Hodna, tandis que son neveu Ali bel Guidoum, associé à Ben Chennouf, allait se mettre à la tête des Ouled-Soula habitant le Zab-Chergui. Soutenu par la garnison du fort turc de Biskra et flanqué de deux membres de sa famille, la position pouvait paraître tenable au nouveau cheikh El-Arab. Une circonstance favorable vint même donner quelque créance à cette opinion. La sécheresse avait été extrême cette année, et la grande tribu des Ouled-Naïl, ayant à se pourvoir de grains, offrit à Ben Ganâ de se soumettre à lui. Ce fut un succès; les kebar des Ouled-Naïl ame¬nés en triomphe à Constantine, Ben Ganâ considéra dès lors sa tâche comme accomplie, et crut n'avoir plus qu'à jouir paisiblement du fruit de ses travaux sans s'exposer à de nouvelles aven¬tures. Sur sa demande, Hassein-Bey le nommait en effet grand ministre auprès de lui. Mais quels malheurs cette haute dignité n'allait-elle pas provoquer dans le sein même de la famille, en allumant des ambitions multiples et des jalousies acharnées. Le Bey, qui n'avait rien à refuser à son beau-frère; et peu renseigné du reste sur les affaires du Sahara, donnait le titre de cheikh El¬Arab qu'il laissait disponible à son fils Mohammed Seghir ben Ganâ. A peine cette nomination était elle connue, que Bou Lakharas accourait du Hodna pour réclamer, se disant frustré de ses droits. Le Bey annulait d'abord sa décision. Comptant ainsi ne mécontenter personne, puis quelques jours après, sollicité d'autre part, il nommait cheikh El-Arab Si Ali bel Guidoum ben Ganâ, le même qui, avons-nous vu plus haut, avait si mal réus¬si à Touggourt en tuant un marabout des Selmia. Dès lors éclata la jalousie chez Mohammed Seghir et Bou Lakharas. Et tout cela, ne l'oublions pas, pour un titre complètement fictif, celui de chei¬kh El-Arab, qu'une même famille se disputait à Constantine, et que, pendant ce temps, le cheikh Debbah ben Bou Okkaz, le vrai cheikh indépendant, portait fièrement et sans rival dans le Sahara.
Hossein-Bey n'alla qu'une fois à Alger verser l'impôt de sa province. Mohammed bel Hadj Ben Ganâ, qui l'accompagnait, succomba durant ce voyage; les uns disent qu'il fut empoison¬né ; d'autre qu'il fut frappé par le choléra qui faisait alors d'as¬sez nombreuses victimes .
Mohammed Seghir, fils du défunt revendiquait de nouveau, par droit d'héritage, le titre que portait son père; mais c'est son oncle Brahim ben El-Hadj, qui en était revêtu. La mort d'Hossein¬Bey suspendit un instant les compétitions. Cependant la discorde, dans la famille de Ben Ganâ, était plus vivace que jamais et allait provoquer l'explosion de sanglantes rancunes sous Ingliz-Bey, qui arriva au pouvoir en 1803. Le Bey Ingliz avait/ attaché à sa personne un Ben Zekri parent des Bou Okkaz et ennemi par consé¬quent des Ben Ganâ. Ceux-ci, tels que de paisibles rentiers, habi¬taient les uns à Constantine, les autres sur leurs terres de Redjaz, aux environs de Mila. Sous prétexte de chasser au sanglier, le fils du Bey amena Bou Lakharas et Ali bel Guidoum dans la vallée de l'oued El-Kebir, et là s'empara de leur personne en même temps que Brahim bel Hadj, le cheikh El-Arab in partibus, était lui-même arrêté dans sa maison de Constantine. Les trois Ben Ganâ, réunis dans une même prison, étaient étranglés le lendemain, à l'excep¬tion du plus jeune d'entre eux, Ali bel Guidoum. On attribue cette exécution tragique aux intrigues et aux dénonciations de Mohammed Seghir, leur neveu, qui, se considérant toujours frus-tré de ses droits héréditaires, se vengeait de ses rivaux en les fai¬sant périr.
Le cheikh El-Arab Debbah arrivait peu de jours après à Constantine, avec tous ses nomades, et recevait des mains d'Ingliz-Bey le burnous d'investiture et la confirmation de sa dignité. Les Ben Ganâ, expliquant les événements à leur façon, prétendent encore que les faveurs dont Debbah venait d'être l'objet en cette circonstance provenaient des sollicitations mêmes du vindicatif Mohammed Seghir, qui continuait de travailler à la perte de tous ses compétiteurs dans sa propre famille. Ils ajou¬tent qu'Ali bel Guidoum, outré de colère, se déclara alors en révol¬te dans la montagne de Metlili, ou, attaqué par les troupes du Bey, il opposa une résistance si énergique que la colonne dut rebrousser chemin avec des pertes considérables. Un fait de cette importance et relativement récent aurait dû évidement laisser quelque trace dans les souvenirs du pays; mais il n'en est rien et la biographie d' Ingliz-Bey ne le mentionne pas non plus. Du reste, ce Bey ne garda le pouvoir qu'une année, de 1803 à 1804. Il est véridique, néanmoins, qu'Ali bel Guidoum ben Ganâ, après avoir eut la satisfaction de tuer de ses mains son neveu Mohammed Seghir, causé des tourments de famille, fut à son tour mis à mort par ordre du Bey Mamelouk qui gouvernait Constantine en 1818.
C'est encore sous le même Bey qu'un autre Ben Ganâ, du nom de Bel Messai, fuyant de Biskra où il ne se sentait pas en sûreté, mourut empoisonné pendant sa,marche, à l'endroit où se voit un monceau de pierres (entre El-Kantara et Batna, près l'oued Terfa), qui, depuis, a porté le nom de Neza-ben-Messaï. Ferhat ben Mohammed, encore un Ben Ganâ, surpris à la même époque par les Daouaouda, entre El-Kantarate El-Ksour, perdit tous ses bagages et se sauva seul dans les montagnes de l'Aurès, au village de Menaa, ou il ne tardait pas à mourir des suites de la terrible émotion qu'il venait d'éprouver dans cette bagarre .
Le Bey El-Mili, successeur du Bey Mamelouk, avait pour Khalifa El-Hadj Ahmed, que nous retrouverons plus tard, en 1837, défendant Constantine contre l'armée française. Rappelons une dernière fois, pour l'intelligence des événements qu'El-Hadj Ahmed était fils de Hadja Rekia, par conséquent neveu et cousin germain des Ben Ganâ. Comme il fallait le prévoir, les Ben Ganâ tombaient aussitôt en disgrâce, et le jeune Mohammed bel Hadj ben Ganâ (fils du premier Bou Lokhharas) était revêtu du titre de cheikh El-Arab. Aussitôt le Sahara se révolte, et le Bey El-Mili est obligé d'entreprendre une expédition dans les Ziban pour y conduire et faire reconnaître l'autorité de son protégé. l'historien des Beys rapporte ainsi cet épisode: « Vers lafin de l'été 1819, le Bey El-Mili marcha contre les habitants de l'oasis d'Ourlal, qui s'étaient révoltés à l'instigation d'un nommé Debbah ben Bou Okkaz. Sa première attaque ne fut pas heureuse; il dut reculer devant les forces imposantes de l'ennemi, et attendre, pour reprendre les hostili¬tés, qu'il eut reçu de nouveaux renforts. Alors il fondit sur lui à l'im¬proviste et le chargea si vigoureusement, que la victoire resta ses mains, non toutefois sans éprouvé des pertes considérables. Satisfait de ce succès, et après avoir rançonné les vaincus et avoir détruit une grande partie de leurs palmiers, le Bey reprit la route de Constantine, ou des exécutions sanglantes eurent lieu ».
Les Daouaouda reconnaissent, en effet, ce qui se passa à Ourlal, où les canons du Bey leur firent éprouver des pertes sen¬sibles ; mais ils s'en consolent en ajoutant finement que, sans canons, ils causèrent tant de mal à la colonne expéditionnaire ,
qu'elle dut se borner à l'attaque de cette oasis et se retirer en ramenant avec elle à Constantine son cheikh El-Arab Ben Ganâ, repoussé du Sahara.
" Sous Brahim-Bey, dit la notice des Ben Ganâ, Mohammed bel Hadj se démit volontairement de ses fonctions et conseilla au Bey de donner le titre de cheikh El-Arab à Ferhat, neveu de Debbah, afin, est¬il ajouté complaisamment, de fomenter la désunion entre les diffé¬rents membres de la famille des Bou Okkaz. Ferhat, appelé à Constantine, était en effet investi, et comme on l'espérait, la mésin¬telligence éclatait entre Ferhat et son oncle. "
Comme beaucoup d'autres renseignements de la même source, ce qui précède n'est pas précisément exact. El-Hadj Ahmed-Bey, khalifa de Brahim-Bey, s'était à tel point compromis par ses abus d'autorité, qu'il dut prendre la fuite pour échapper à la mort dont il était menacé. Les Ben Ganâ, ses parents, subi¬rent les conséquences de cette chute. Mais ce n'est que sous le Bey Mamelouk, en 1821, après l'expédition de Touggourt racontée déjà dans ses moindres détails, que Ferhat prit le commandement des Arabes sahariens, en remplacement de son oncle Debbah, dont le grand âge paralysait l'action. Ce vieillard, qui pendant quarante ans, dirigea les destinées du Sahara contre lui par les Ben Ganâ et leur allié Ahmed bel-Hadj, le marabout, ou, pour mieux dire, le gardien du tombeau de Sidi Okba. Abusant de son caractère reli¬gieux pour s'ingérer dans les affaires politiques du pays, ce der¬nier adressa un rapport au Pacha d'Alger exposant que les Bou Okkaz étaient la cause de tous les troubles du Sahara et de l'op¬position qu'y rencontraient les Ben Ganâ, ses parents.
" Pour apporter un remède à l'état des choses, disait-il en concluant, faites mourir le cheikh Debbah. Je vous promets de tan¬ner la peau de ce rebelle et de vous l'envoyer pleine de soultanis ! "
La proposition parut si étrange au Pacha d'Alger, qu'il expé¬dia cette lettre au Bey Mamelouk,
Gouverneur de Constantine, lequel étant, comme nous l'avons vu, l'ami des Bou Okkaz, la donna au cheikh Debbah. On se figure l'effet produit par une telle communication. Les goums des nomades partent aussitôt à bride abattue vers Sidi Okba pour
• arrêter le marabout perfide.
Celui-ci s'enferme dans sa zaouïa et se retire même au haut du minaret, afin de mieux braver les ennemis. La sainteté du lieu lui assurait un asile inviolable, et personne n'aurait osé pénétrer dans le sanctuaire.
Saïd, frère de Debbah, homme d'une piété exemplaire, d'une sagesse proverbiale, et dont la parole était par cela même très écoutée des Arabes, donne alors à haute voix lecture de l'infâme factum du santon, et ajoute qu'il y a damnation pour tous les bons musulmans de laisser un être infernal de cette espèce souiller davantage l'enceinte sacrée. Du haut du minaret, Bel Hadj, tremblant de peur, dit qu'il est innocent, que la lettre est fausse, il jure par Dieu n'avoir jamais eu la pensée de telles noirceurs. Mais l'indignation prédomine, la porte est enfoncée, et un serviteur du cheikh Debbah, nommé El-Assel ben Mesbîah, grim¬pe les gradins du minaret, coupe la tête du coupable et la jette au milieu de la foule, dont il calme ainsi la fureur.
Le vieux Debbah mourait peu de temps après de l'impression fâcheuse que cet événement avait laissé dans son esprit.
Nous avons déjà raconté la jeunesse de Ferhat ben Saïd et ses premières armes dans le Souf et à Touggourt. Ce personnage che¬valeresque, qui a joué un rôle si important au moment de la conquête française, mérite un portrait plus complet. Celui qu'en a fait le colonel Séroka, d'après le récit de ses contemporains, est ce qu'il y a de plus fidèle. Ferhat ben Saïd, dit-il, avait une de ces organisations de fer qui se plaisent que dans la lutte; d'une bra¬voure impétueuse, généreux, simple et pieux, il rappelle le type des premiers héros de l'Islamisme; mais son esprit inquiet, sans portée politique, impatient, incapable de fixer un but et de le poursuivre avec persévérance, annihilait tant de belles et brillantes qualités. Ferhat ben Saïd n'en était pas moins très populaire; parce que ses qualités étaient de celles qui frappent et saisissent tout le monde. Il était petit, mais comme il avait le buste très élevé, à cheval, il paraissait grand. Il était toujours vêtu très simplement, et quand on le lui reprochait en vantant la richesse du costume de Ben Ganâ, il répondait: « la beauté des cos¬tumes est pour les femmes; la beauté de l'homme est dans son bras et dans sa parole. »
Ben Braham, un cousin de Ferhat, avait embrassé le parti des Ben Ganâ. Ben Braham était renommé comme tireur. Un jour, on demanda à Ferhat s'il se croyait aussi adroit: " Je n'en sais rien, je crois que dans un combat je pourrais le tuer tout aussi bien qu'il pourrait me tuer moi-même. Je ne sais pas comment je vise de loin i dans la mêlée je n'ai jamais lâché la détente de mon fusil avant que le bout de mon canonne fut dans le burnous de mon ennemi. "
La crédulité superstitieuse des indigènes prêtait à Ferhat un prestige surnaturel. Comme il n'avait bravé plus d'une fois les chances terribles, on racontait qu'un saint marabout du Djurdjura lui avait donné un talisman qui le rendait invincible par la poudre ... les balles s'amortissaient sur son corps, et quand, après le combat, il dénouait sa ceinture, les balles rou¬laient à ses pieds ... Des chefs les plus intelligents du pays me le juraient encore hier! . ..
Fin de la première partie de l'ouvrage. (A suivre)



أ. د. جمال بن عمار الأحمر
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Caravane des Caïd-Ben-Ganah
 (Bassours )
 (Editeur : ND Phot. - 25A)
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Biskra - M. le Bachagha Ben Gana et ses goumiers se préparant pour la Fantasia
 (Editeur : Auguste Maman)

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Biskra - Si Mohamed Ben Gana
à la tête de son Goum
(Editeur : Leroux - 122 -
Colorisée - Dos non divisé)


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Les Grands Chefs Arabes - Si Haje Hamed Ben Bouaziz ben Ganah, Caïd des M'raïer,
Cercle de Touggourt
(Editeur : ND Phot. - 408A) 
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Bou-Aziz, Caïd des Zibans
(Editeur : Galeries de France - 1082)


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Ben-Ganah, Agha de Touggourt
(Editeur : ND Phot. - 113 -
Aquarelleée - Dos non divisé)


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Cavalier Arabe 
Caïd de Sidi-Okbo-Amida Ben Gana
(Editeur : LL - 6320)

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Bou-Aziz ben Gana, Chef des Zibans
(Editeur : LL - 6244)


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Les grands chefs arabes
Si M'hammed ben Bouaziz ben Ganah
Bach Agha des Zibans
(Editeur : ND Phot. - 406A) 


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Si Bouaziz ben Ganah  
Caïd des Zibans
(Editeur : N.D. Phot. - 407A)
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Biskra 
Caïd Bou Aziz fils Ben Gana
(Editeur : Maure) 
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Biskra 
Caïd Bou Aziz fils Ben Gana
(Editeur : Maure - 136) 
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Bou Aziz, Caïd des Zibans
(Editeur : LL. - 6341)


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Ligne de Biskra - Ben Gana
Bachaga des Zibans
(Editeur : ND Phot - 136)


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 Bou Aziz, caïd des Zibans
(Editeur : LL. - 6196 - Carte aquarellée)


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Bou Aziz, Caïd des Zibans
(Editeur : LL. - 6028) 


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 Si M'hammed ben Bouaziz ben Ganah
Bach Agha des Zibans
(Editeur : ND Phot. - 402A)


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Ben Ganah, Bach Agha des Zibans
(Editeur : Geiser - 110)


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Caravane du Caïd Ben Ganah
(Editeur : Neurdein ND Phot) 


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Biskra - Bengana

Si Mohamed Aziz Ben Guanah 

Caid de Biskra



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الجنس : ذكر
العمر : 64
تاريخ الميلاد : 22/02/1960
تاريخ التسجيل : 02/05/2009
عدد المساهمات : 2938
نقاط الشكر على الجدية الأندلسية : 3
نشاطه في منظمة ش الأندلسي ع : 4879
العمل/الترفيه : أستاذ جامعي. مؤسس في حركة إسلامية قوية في نهاية السبعينيات. وسياسي قديم. ومرشح برلماني سابق

http://www.andalus-woap.org

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